Entretien avec Volodymyr MOTSIUK, P2023 et conducteur de travaux sur une piscine olympique des JO Paris 2024

Admis en 3e année du programme ingénieur sur le campus de Troyes, Volodymyr a intégré la majeure Ingénierie & Architecture durable sur le cycle master.
Entretien avec un diplômé qui s'épanouit dans le BTP grâce à son diplôme d'ingénieur EPF.
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Entretien avec Volodymyr Motsiuk, P2022 et conducteur de travaux sur le chantier de l'une des piscines des Jeux Olympiques Paris 2024

Pourquoi avoir choisi d’intégrer l’EPF ? Et quelle majeure as-tu intégrée ?

J’ai intégré l’EPF en 3e année suite à mes deux années de prépa scientifique PCSI au Lycée Condorcet à Paris avec une orientation PC (Physique-Chimie) sur ma dernière année de classe préparatoire. En 2020 à la fin de ma CPGE, le choix de ma poursuite d’étude s’est naturellement tourné vers l’ingénierie du bâtiment, la construction et l’architecture. Les majeures proposées à l’EPF ont su guider mes choix et j’ai donc intégré avec certitude la majeure Ingénierie et Architecture Durable à l’issue de la semaine d’initiation au sein du campus de Troyes.

La majeure Ingénierie et Architecture durable était parfaitement adaptée à mes aspirations. Je cherchais une filière qui conjugue mon envie de concevoir des bâtiments tout en minimisant l’impact sur la planète, en réduisant la consommation d’énergie, en utilisent des matériaux recyclables et en intégrant des pratiques respectueuses de l’environnement. La formation nous prépare à devenir des ingénieurs conscients des effets des changements climatiques et ainsi, anticiper les risques pour assurer la sécurité et le confort des occupants. L’ingénierie et l’architecture durable sont des domaines en constante évolution et c’est ce que j’apprécie le plus aujourd’hui dans mon métier. Je suis amené à intégrer les dernières technologies et les meilleurs pratiques dans mes projets pour les rendre plus compétitifs et conformes aux exigences sociétales. On l’oublie souvent mais la dimension humaine est centrale dans ce domaine puisque les discussions rythment l’ensemble des constructions. Créer un bâtiment ou une infrastructure demande une ouverture d’esprit, de l’écoute et de l’organisation. L’EPF incarne pleinement ses valeurs dans sa pédagogie.

 

Qu’est-ce qui t'a plu à l’EPF ?

C’est d’abord la qualité de l’enseignement et la disponibilité des équipes pédagogiques.
La formation offre un enseignement très complet et indispensable pour exercer dans le domaine de la conception-construction. Les intervenants issus du monde professionnel apportent une dimension très concrète à notre apprentissage grâce notamment à des cas d’études bien réels comme la réalisation d’un audit thermique pour un ouvrage présentant des caractéristiques peu communes. Cette approche pédagogique offre une mise en pratique immédiate des connaissances acquises à l’image des outils de conception numérique BIM, Autocad ou encore Revit qui sont au programme dès le premier semestre. De nombreux projets menés en lien avec les collectivités territoriales permettent de développer une expertise approfondie sur des thématiques précises comme l’urbanisme avec l’étude du PLU (Plan Local d’Urbanisme) dans le cadre d’un projet de renouvellement urbain ou encore la modélisation 3D afin de savoir présenter un projet. L’équipe enseignante a participé à mon évolution en me donnant toutes les clés nécessaires pour parvenir à intégrer le monde professionnel sans difficulté.

Une autre caractéristique que j'ai particulièrement appréciée à l'EPF, les plateformes technologiques. Chaque campus dispose de lieux d’expertise et d’innovation liés à la thématique du campus. À Troyes, le campus possède une plateforme BBC+ Lab qui s’intéresse au comportement énergétique du bâtiment prenant en compte le confort de l’usager. Ces équipements de pointe peuvent être exploités par les étudiants sous la surveillance des ingénieurs chercheurs afin d’étudier le comportement thermique des matériaux utilisés dans les ouvrages ou d’analyser les variations selon les conditions climatiques. Ainsi, dans le cadre de nos projets, nous pouvons utiliser ces technologies pour authentifier nos recommandations et aussi, nous familiariser avec les logiciels qui retranscrivent les différents données recueillis par les capteurs.

Enfin, la FabAdd Lab dédiée aux problématiques de fabrication additive offre là encore l’acquisition de nouvelles compétences en modélisation. Des étapes qui sont très utiles pour représenter le résultat final d’une construction auprès des clients mais aussi pour pouvoir maîtriser la technologie 3D qui permet de tester de nouvelles solutions pour l’habitat. En résumé, l’EPF m’a donné la possibilité d’explorer l’univers du bâtiment et concrétiser mon projet de carrière dans ce secteur avec toute la polyvalence que cela requiert.

 

As-tu fait des stages, si oui où et pour quelles missions, qu'est-ce que tu en as retenu ?

J’ai effectué un stage de 6 mois en tant que maître d’œuvre et exécution au sein de la société Vertical Sea. Cette expérience enrichissante et formatrice m’a permis d’ouvrir les portes du monde BTP notamment dans le domaine de la conception, du suivi des chantiers. J’étais aux manœuvres, je coordonnais les opérations avec les chefs de chantier et les différents corps d’état. Ce stage m’a également offert l’opportunité de travailler sur des projets variés : construction hôtelière, immeuble à grand hauteur (IGH) dédié à la création de bureaux, restauration de bâtiment, comprenant des normes et des spécificités à ne pas négliger pour assurer la conformité des opérations et respecter le cahier des charges des clients. La dimension très opérationnelle de mon stage a participé à l’acquisition de nouvelles compétences qui encore aujourd’hui me sont très utiles et aussi, la mise en pratique de logiciel découvert lors de ma formation à l’image de l’outil Pleiades, très utile pour analyser les études thermiques des clients.

Ce stage m’a permis de me rendre compte qu’il était essentiel de savoir travail en équipe. Dans chaque ouvrage, nous rencontrons des problématiques techniques qui ne peuvent être résolus sans la collaboration de chaque corps de métier. La collaboration c’est le fait de travailler ensemble pour atteindre un objectif commun. À l’EPF et notamment dans la majeure ingénierie et architecture durable c’est la première chose que l’on apprend et que l’on met en application via les TP et TD en groupe.

 

Aujourd’hui, à quel poste travailles-tu ?

Je suis employé depuis le 1er août 2023 sur le même poste, et je continue sur le même projet.
Sur un chantier, un conducteur de travaux, en premier c’est une phase d’étude ; donc j’étudie tous les plans, toutes les fiches d’exécution et toutes les études d’exécution que l’entreprise consultée m’envoie. J’étudie et je vise en même temps que l’architecte et le bureau de contrôle.

Je communique ensuite les remarques aux entreprises et les modifications qu’il faut apporter.
C’est un travail très complet. J’ai l’impression que ça m’ouvre toutes les portes dans le BTP. En tant que conducteur de travaux on touche à tout : études d’exécution, conception, contrôle et en phase OPR, la livraison de chantier, on revérifie la bonne exécution par rapport au cahier des charges. Et je suis également le budget de toutes les entreprises impliquées sur mes projets. C’est beaucoup de responsabilités.

 

Photo de la piscine olympique sur laquelle a travaillé Volodymyr Motsuik, P2022 et conducteur de travaux
La piscine d’Aubervilliers est un projet de construction – conception.
Maîtrise d’ouvrage : mairie d’Aubervilliers.
Maîtrise d’exécution : Chabannes architecte

 

On a des bureaux de contrôle et des bureaux d’études qui nous accompagnent sur ce projet qui comporte deux bassins : un bassin polyvalent de 25m et un bassin olympique de 50m qui a un aileron et un fond mobile. S’agissant d’un complexe olympique, il y a de nombreuses normes au-delà des seules normes de construction : étanchéité de la piscine, aération, taille et profondeur des bassins sans oublier les normes environnementales !

Tout ce que j’ai pu apprendre dans la majeure me sert aujourd’hui, j’avance à la fois plus rapidement dans mes missions, et je suis capable de solutionner des problématiques concrètes comme le fait de réutiliser les énergies produites par le bâtiment pour chauffer l’eau. Le projet implique d’ailleurs des terrasses végétalisées sur toute une partie du bâtiment, qui vont servir d’isolant pour la piscine et concourir à l’inertie du bâtiment.

Le chantier est encore en cours, mais on a terminé la structure et le fond polyvalent et on commence les tests de remplissage dans un mois. Nous serons prêts pour les jeux olympiques !

Entretien avec Volodymyr Matsuik, P2022 et conducteur de travaux sur une piscine olympiques des Jeux de Paris 2024

 

D’ailleurs c’est grâce à la méthodologie LEAN appliquée à ce projet, qui était aussi le thème de mon PFE. Cela consiste en une organisation où toutes les étapes se suivent l’une après l’autre, et on supprime les temps de latence entre deux opérations. Cela permet d’enchainer les travaux et optimiser le temps d’intervention pour rendre le projet à temps et sans dépenser trop.
Cette piscine s’inscrit non seulement dans le projet national qu’est l’accueil des Jeux Olympiques de Paris 2024, mais à une échelle plus réduite, c’est une chance pour Aubervilliers et les villes qui l’entourent. Cela participe au développement de la ville.

Travailler sur ce chantier c’est une fierté. On a eu la chance d’accueillir une équipe de waterpolo qui est venue visiter le chantier et les athlètes ont beaucoup apprécié la structure, et ont été impressionnés par le fond mobile ! Le fait que les athlètes s’intéressent à leur lieu d’entraînement c’est encore plus motivant pour achever le projet et le rendre avec le plus haut niveau de qualité.

 

Que penses-tu de la vie du campus de Troyes ?

Le campus de Troyes offre une qualité de vie incomparable. En tant qu’étudiant, j’ai pu profiter des nombreux équipements sportifs qui entourent l’école (terrains de foot et de tennis, mur d’escalade, piste d’athlétisme, etc.). Troyes est une petite ville, les déplacements sont très rapides, on peut aisément rejoindre le centre-ville et notamment les quais de Seine pour profiter des longues soirées d’été. La taille du campus et des promotions m’ont permis de m’intégrer très facilement, l’esprit familial caractérise bien l’ambiance qui s’en dégage. Cette proximité avec les autres étudiants, mais aussi avec l’administration et les enseignants, ont participé à mon attachement envers ce campus.

Malheureusement, mon parcours a été bouleversé par les confinements successifs causés par la pandémie de COVID-19. Je n’ai donc pas pu profiter des animations habituellement proposées par les associations étudiantes qui rythment le quotidien du campus de Troyes. Je garde néanmoins le souvenir des soirées jeux organisées par le BDJ ou encore la fameuse compétition sportive multicampus qui rassemble chaque année, des étudiants des 3 campus sur le site troyen. Cette dimension sociale m’a permis de créer des liens forts avec mes camarades et une affection toute particulière envers le campus troyen.